Aujourd’hui, les membres de la Ligue célèbrent avec fierté les 46 ans depuis la création de leur organisation estimée. À cette occasion, les membres ne manquent pas de rendre hommage à ses fondateurs, vivants et décédés, ainsi qu’à tous ceux qui ont pris des responsabilités en son sein, à toutes ses structures, amis et partisans, tant en Tunisie qu’à l’étranger, avec le plus grand respect pour les efforts et les sacrifices qu’ils ont consentis pour préserver son existence, son indépendance et résister à tous les défis.
La Ligue a été fondée le 7 mai 1977, face à de nombreux défis, en tant que première organisation de défense des droits de l’homme en Tunisie, en Afrique et dans le monde arabe. Après avoir résisté aux tentatives de la contrôler pendant la phase de création par l’appareil du système à parti unique qui rejetait toutes les formes de pluralisme, la Ligue est devenue une forteresse pour la défense de tous les droits de tous les peuples.
Depuis la fin des années 80, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme s’est retrouvée confrontée à un régime totalitaire et autoritaire, qui a adopté une politique double à l’égard du système des droits de l’homme. Il s’est présenté à l’étranger sous l’image d’un pays engagé dans le respect des traités et conventions internationaux, mais en réalité, il a imposé une politique dictatoriale en réduisant l’espace des libertés publiques et privées et en limitant le travail des associations indépendantes, utilisant tous les moyens de répression, y compris les institutions de sécurité, la justice, la propagande partisane et médiatique.
La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme a été la première cible de cette politique : ses activités ont été encerclées, ses conférences régulières ont été interdites et ses bureaux ont été fermés.
L’honneur de l’Association et de ses membres durant cette période ne réside pas seulement dans leur capacité à résister à ces défis, mais également dans la diffusion de la culture des droits de l’homme auprès de diverses couches de la société, la surveillance des violations et la défense des victimes, quelles que soient leurs orientations intellectuelles ou politiques. Cela a été l’un des facteurs qui ont fait de la LTDH l’un des acteurs clés de la scène politique et associative nationale et internationale tout au long de la période qui a suivi sa création, en particulier après la révolution du 17 décembre/14 janvier.
Si la LTDH considère que ce qui s’est passé le 25 juillet 2021 aurait pu aider à surmonter l’échec des gouvernements successifs au pouvoir depuis 2011 à réaliser les aspirations des Tunisiens et des Tunisiennes à établir des institutions civiles solides et une alternative économique et sociale, ses valeurs et références différentes la poussent à alerter sur le danger de dérive vers un régime présidentiel autoritaire suite à la publication du décret 117.
Elle a également considéré les résultats de la consultation électronique et la faible participation au référendum sur la constitution proposée par la présidence de la République, ainsi que les étapes électorales qui ont suivi dépourvues des principes de gouvernance partagée. Dans le même contexte, la LTDH a condamné les décrets qui portent atteinte à la liberté d’expression, tels que le décret 54, et a exprimé son rejet total de toutes les mesures visant à assujettir le pouvoir judiciaire à l’exécutif.
La Ligue continue aujourd’hui à suivre avec une grande préoccupation la tendance du système actuel à revenir sur les acquis de la liberté de pensée, d’expression et d’association, les droits des femmes, des migrants et des catégories sociales vulnérables ainsi qu’à adopter un discours diffamatoire envers les opposants et à faire porter une partie de la responsabilité de l’échec à résoudre les difficultés économiques et financières du pays sur une partie des Tunisiens.
Elle note également avec une grande consternation les restrictions visant les journalistes, les blogueurs, les syndicalistes et les avocats, en particulier les arrestations de personnalités opposées à la voie du 25 juillet, sous couvert de la loi antiterroriste.
La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme considère que l’essence de l’État civil et les principes des droits de l’homme sont l’égalité devant la loi et le droit de la société de lutter contre toutes les formes de corruption et de criminalité et de garantir que les auteurs de crimes ne soient pas impunis, quelles que soient leur identité ou leur fonction. Cependant,
●Elle renouvelle sa condamnation ferme du ciblage des militants politiques et de l’arrestation de citoyens en raison de leur affiliation politique. Elle condamne également les violations commises à l’encontre des personnes arrêtées pendant les étapes de l’arrestation et de l’enquête.
●Met en garde contre la fabrication de charges et l’utilisation des institutions de l’État pour éliminer les opposants politiques et intimider les voix de l’opposition effective en tant que responsable direct de la protection des droits et de la surveillance de la sécurité des procédures et des garanties d’un procès équitable.
●Condamne la restriction de la liberté de la presse, la répression des journalistes et appelle les autorités à garantir leurs engagements en matière de respect des droits et des libertés, en particulier la liberté d’expression, et dans ce contexte, la Ligue appelle à l’annulation rapide du décret 54.
●Souligne que la lutte contre la criminalité et la poursuite des corrompus ne peuvent se faire que dans le respect des lois et des procédures, en garantissant les droits des accusés et les principes d’un procès équitable et l’indépendance du pouvoir judiciaire.
●Met en garde contre la prolongation de l’état d’urgence dans le pays et l’utilisation du pouvoir d’exception, ainsi que d’autres lois exceptionnelles, comme un moyen de restreindre l’espace public, de violer les droits et de restreindre les libertés constitue une menace pour le droit fondamental des citoyens à une vie décente.
●Renouvelle son attachement aux acquis de la révolution de la liberté et de la dignité et appelle toutes les composantes de la société civile à être vigilantes et à coordonner leurs efforts pour faire barrage à toute menace pesant sur les libertés publiques et privées et sur les fondements de la gouvernance participative.
●Réaffirme son engagement à adopter toutes les causes justes à l’intérieur et à l’extérieur, en tête desquelles la cause palestinienne ; s’appuyant sur la ferme conviction de ses militants et militantes et sur les acquis accumulés par la Ligue, et bénéficiant du soutien de ses alliés, de ses amis et de tous les défenseurs des droits de l’homme dans leurs dimensions universelles.
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